olivia cattan
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Olivia Cattan, Journaliste, écrivaine, lanceuse d'alerte
Olivia Cattan, Journaliste, écrivaine, lanceuse d'alerte

Mes Tribunes

Chère Simone, 

Depuis le 7 octobre et le déferlement de haine qui a suivi, je n’ai pas eu envie de parler à grand monde et je me suis terrée, depuis, dans le silence et le recueillement. Il faut savoir parler pour défendre ses idées mais aussi apprendre à se taire lorsque les mots se heurtent à des hordes d’idéologues et des meutes imbéciles. L’entrée de l’IVG dans la Constitution m’a donné envie de vous écrire. Vous, qui avez toujours été une source d'inspiration et de réconfort.

 

Malgré mon besoin de prendre de la hauteur, mon esprit s’échauffe depuis plusieurs jours. Vous me connaissez, ma militance finit toujours par reprendre le dessus sur mon pessimisme viscéral. Vous seule, connaissez les raisons profondes de mon engagement contre les violences faites aux femmes. Vous avez été l’une des rares à qui j’avais osé me confier sur les violences et le viol que j’avais subi. Je vous avais tout raconté lors de notre rendez-vous à votre domicile, et nous avions partagé une conversation à cœur ouvert que je garderais toujours dans l’intimité de mon âme. Je me rappelle ce moment dans le couloir lorsque j’étais arrivée et que je n’osais pas vous regarder dans les yeux, moi la petite scribouillarde qui venait d’un milieu défavorisé et qui rencontrait l’icône qu’elle avait toujours admirée. Vous m’aviez pris par la main en me demandant de vous tutoyer et de vous raconter, tout d’abord, les potins de notre communauté avant de passer à des sujets plus sérieux. Nous avions beaucoup ri sur l’égocentrisme des uns et des autres. Puis, nous avions parlé des avortements qui étaient de plus en plus nombreux et des centres, pratiquant l’IVG, qui fermaient les uns après les autres. Ce qui vous inquiétait. Nous avions réfléchi à la précarité des mères isolées, et même parlé d’autisme, un autre sujet qui vous tenait à cœur.

 

Après quelques rencontres, nous avions connu un désaccord sur le divorce des femmes juives que vous refusiez de voir exposé au grand jour. Alors j’avais eu l’honneur de débattre avec vous, et nous étions restées campées chacune sur nos positions. Puis, plusieurs mois plus tard, je vous avais croisée chez une de nos amies communes, et vous m’aviez glissé à l’oreille, sans néanmoins changer d’avis, que j’avais eu raison de vous tenir tête et de défendre mes idées.

 

Vous étiez une grande dame Simone, par votre parcours, votre pugnacité, et vous avez laissé dans mon cœur un sentiment de tendresse immense.  Mais aujourd’hui Simone, je vous écris parce que j’ai le cœur lourd. Le monde est devenu fou, Simone. Il n’y a plus de nuance, de véritables débats d’idées, juste des pensées creuses et brèves, recrachées telles quelles sur des réseaux sociaux qui ne sont que de vastes immondices de haine. Les mots ont été dévoyés et ne veulent plus rien dire. Le conflit israélo-palestinien a encore cristallisé la haine des juifs dans le monde entier, y compris dans notre douce France. Plus personne n’est capable de faire une distinction entre la politique d’un pays et sa population. Plus personne ne semble capable d’éprouver de la douleur pour les victimes israéliennes qui ont été massacrées par d’infâmes terroristes, ni de ressentir de la compassion pour les otages, des femmes et des enfants retenus depuis des mois. Plus personne ne semble, capable, non plus, d’éprouver de la compassion pour ces femmes et ces enfants, civils palestiniens, qui meurent sous les décombres de la guerre. Chacun a été assigné à son camp, et à ses victimes à pleurer et à défendre, oubliant qu’une vie reste une vie. Vous qui avez toujours prôné la dignité, le respect de l'autre, même dans la divergence, vous n'auriez certainement pas approuvé certaines paroles prononcées aujourd'hui. Je sais que vous auriez lutté contre l’antisémitisme et la déshumanisation de l’autre, et pour la libération de nos otages, avec cette force tranquille qui vous a toujours caractérisée, pour défendre un monde plus juste et plus humain.

 

Quant au féminisme, Simone, vous seriez tellement déçue. Cette cause que vous avez jadis défendue a tellement changé. Elle ne ressemble plus à rien. Les fractures sont encore plus nombreuses qu’entre vous et Gisèle parce que l’esprit du féminisme, la défense de toutes les femmes, semble s’être perdu. Aujourd’hui certaines d’entre elles trient les victimes selon leurs religions ou leur nationalité, comme le faisaient les nazis autrefois, légitimant ces crimes et osant traiter des violeurs et des meurtriers de femmes et d’enfants de résistants. Elles n’ont plus de discernement, de vision, de courage, ni même de propositions pour améliorer le quotidien de toutes les femmes. Elles ne sont plus que des idéologues qui instrumentalisent politiquement notre noble cause, se perdant dans des luttes parfois stériles.

 

Depuis la pétition que j’ai écrite afin de dénoncer les viols de masse du 7 octobre, perpétrés en Israël, plus de 74 000 personnes ont signé ce texte à ce jour. Tout n’est donc pas perdu, même s’il devrait y avoir des millions de signatures.

 

Une seule chose n’a pas changé, Simone, l’impunité des hommes de pouvoir qui continuent de faire des ravages parmi les femmes. Ils se croient toujours tout permis, abusant d’elles impunément, se sentant protégés par certaines castes. Malgré la parole des femmes qui semble s’être libérée, la parole d’une femme ne vaut toujours pas celle d’un homme. Il faut au moins une cinquantaine de témoignages de victimes pour que l’opinion daigne les croire. Notre lutte est donc loin d’être finie. Je sais que vous auriez défendu leurs paroles avant tout, avec ardeur, tout en préservant la présomption d’innocence, vous, la grande magistrate qui avait le sens de la justice et de la justesse.

 

Je me rappelle aussi que vous me disiez que j’étais une femme de droite qui s’ignore, vous n’aviez peut-être pas tort. Née dans une famille de gauche, je suis restée fidèle aux valeurs du socialisme, pendant des décennies, mais ce parti ne ressemble plus à rien aujourd’hui. Il manque de fougue, d’idées et de principes. Alors, mon cœur reste orphelin, attendant peut-être un homme providentiel.

 

J’ai malheureusement d’autres mauvaises nouvelles à vous annoncer, Simone, l’antisémitisme est revenu à grands pas ; des hommes se font molester à la sortie des synagogues, des rabbins sont poignardés. Cela se passe en France, en Allemagne, en Angleterre, et en Suisse…Des manifestants ne se contentent pas de réclamer la paix au Proche-Orient, mais prônent l’extermination de tous les juifs.

 

Que nous est-il arrivé Simone ? Vous qui défendiez tant l’Europe, comment nos sociétés démocratiques ont-elles pu se laisser déborder par l’antisémitisme qui revient encore ? Comment nos sociétés ont-elles pu permettre aux extrêmes de prospérer, contaminant les esprits ignorants ou révoltés ? Simone, j’ai peur que tout recommence encore, que l’on nous chasse de nos maisons, de nos diasporas, et que l’on nous tue parce que juifs. J’ai peur que les deux guerres qui ont commencé ne s’arrêtent jamais et que d’autres suivent, embrasant le monde entier.

 

Comme vous pouvez le voir, les hommes n’ont pas changé, ils n’ont rien appris de l’histoire qui se répète indéfiniment. Ils sont toujours d’horribles barbares ou d’inlassables guerriers, incapables de s’asseoir à la table des négociations. Ils se servent toujours des plus fragiles, des femmes et des enfants, pour exprimer leurs plus bas instincts, et exercer leur terreur.

 

Le monde court à sa perte Simone, entre les divisions religieuses, les guerres de territoires, et la Nature que l’on continue de saccager.

 

Voilà Simone, les nouvelles de ce monde ne sont pas bonnes, et je ne parviens toujours pas à vous tutoyer. Malgré ma profonde lassitude face à la folie des hommes, je ne pouvais pas terminer cette lettre avec ce ton si triste et pessimiste. L’ONU vient de reconnaître enfin les viols du 7 octobre et L’IVG est entrée dans notre Constitution française, protégeant ainsi le droit et le choix des femmes de disposer librement de leurs corps. Ces longs combats militants n’ont donc pas été vains.

 

Je vous embrasse avec toute mon affection et mon respect, et dans l'humble espoir de porter haut et fort, toutes les valeurs que vous nous avez léguées.

 

Olivia Cattan

8 mars, 2024. Publiée sur Atlantico.fr, Tribune juive et Médiapart

 

 

 

                            "L'Autisme Mimétique"

 

 

 

 

A force de vivre l’autisme au quotidien avec des enfants, les parents développent-ils une sorte « d’autisme mimétique » ? Publié sur Atlantico.fr

 

Ma réflexion a commencé avec la question surprenante de ce psychiatre qui faisait une réévaluation de mon fils dont l’autisme a été détecté à l’âge de 4 ans et demi. Êtes-vous sûre de ne pas être autiste, avez-vous déjà fait des tests ? Je me suis mise à rire de façon gênée, et je lui ai répondu que mon fils et mon frère l’étaient. Puis, je me suis ravisée en lui répondant que j’y réfléchirai, et en ai discuté avec d’autres parents.

 

Certains parents m’ont expliqué qu’ils ont été diagnostiqués « autistes » à 40 ou à 50 ans, des années après, après avoir découvert l’autisme de leurs enfants. Ce diagnostic tardif venait éclairer des années d’incompréhension entre eux et leur entourage, et l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes. Cela expliquait enfin leur enfance isolée, leur problème de communication, leurs obsessions à tout vouloir savoir sur le métro parisien, leur collection insolite de tronçonneuses, et tous ces comportements instables que leur entourage qualifiait « d’étranges ». 

Mais d’autres m’ont répondu qu’ils ne l’étaient pas, mais qu’ils avaient pris conscience à quel point l’autisme avait influencé leur quotidien, leur propre perception du monde et leur psychologie, leurs rapports aux autres, tout en redéfinissant leurs objectifs. Il est vrai que nous avons tous entendu dire de nous-mêmes ou d’autres parents d’enfants autistes que ces familles étaient « excessives », « émotives », « revendicatrices », « en souffrance » ou encore dans « le déni parce que fragilisés par le handicap de nos enfants ». Combien de remarques désagréables de Médecins et de l’Éducation nationale pour désigner les familles d’enfants autistes !

 

Donc avant de savoir si je souhaitais me faire diagnostiquer, j’ai commencé à faire ma propre introspection en interrogeant mes proches. Ma mère m’expliqua qu’enfant, je ne supportais pas de m’asseoir dans le sable à cause de mes tocs de propreté, que j’étais introvertie, et que je vivais dans les livres et la musique. Je me remémorais le harcèlement que j’avais subi par mes camarades de classe au collège parce que je me sentais différente. Les relations avec les autres m’avaient toujours semblé complexes comme si je ne comprenais pas les codes à adopter. Mes filles me reprochaient d’envahir la maison avec mes collections de timbres et de statuettes de femmes. J’avais toujours eu besoin de passer d’un projet de création à un autre avec un côté hyperactif et pointilleux. Mais étais-je autiste pour autant ? Je ne le pense pas et les tests me diront peut-être un jour le contraire.

 

Mais cette remarque du psychiatre a soulevé plusieurs réflexions. Devrait-on, en tant que parents, se faire diagnostiquer en même temps que son enfant ? Faire passer des tests aux frères et sœurs ? Devrait-on aussi remonter à ses propres parents, et inciter à ce qu’une grande étude puisse être menée sur ce sujet spécifique par des chercheurs ?

 

Il serait tout aussi intéressant de travailler également avec des sociologues pour se demander si à force de vivre l’autisme au quotidien avec notre enfant, nous avons développé, en tant que parents, une sorte « d’autisme mimétique".

 

Je m’explique. En tant que maman d’enfant autiste, j’ai passé les 15 dernières années de ma vie à accompagner mon fils, et à gérer toutes les situations stressantes tout en essayant de tout appréhender pour empêcher les crises et troubles de comportement. J’ai veillé à ce que tous ses pulls soient en coton puisqu’il ne supportait pas le contact d’autres matières sur sa peau. Je me suis rendue compte que je n’avais jamais supporté ces matières, et j’ai fait pareil. Il ne supportait pas les lieux bruyants avec des néons violents. Par la force des choses, je ne les fréquentais plus non plus, et aujourd’hui je ne les supporte pas non plus. Il n’aimait pas les odeurs de poivrons et de champignons, et comme il parvenait même à détecter leur parfum sur moi, je n’en mangeais plus. Aujourd’hui, je trouve que ces odeurs sont envahissantes et désagréables.

 

Finalement, à force d’avoir passé mon temps à changer mon environnement pour l’adapter aux besoins de mon fils autiste, je me suis rendue compte que ces ajustements fréquents ont influencé ma propre perception du monde, et que je lui ressemble de plus en plus. Tout ce qui l’insupporte, m’insupporte. Sa façon d’être m’a aussi influencée. Sans filtre, Ruben dit une vérité crûe et sans artifice. J’ai fini par faire de même. Il serait donc intéressant de montrer à quel point l'autisme de nos enfants nous conditionne nous-mêmes, jusqu'à développer et reproduire certains de leurs comportements.

 

La gestion quotidienne des situations stressantes, la prévention des crises, et l'anticipation constante des besoins de mon fils a notamment créé chez moi, une habitude de vigilance permanente. C'est comme si chaque journée était une série de stratégies élaborées pour éviter les déclencheurs potentiels de troubles, une sorte de danse constante avec l'autisme.

 

À force de partager ses hauts et ses bas, j’ai développé des réflexes émotionnels particuliers avec des moments de joie qui résonnent plus intensément, des réactions émotionnelles plus marquées face à l’adversité, et un système de défense permanent, à force de faire face à ses anciens comportements violents. Ce que je considérais autrefois comme « normal » a été aussi redéfini. En entrant dans son monde, mes priorités ont évolué. Aujourd’hui, je me sens comme connectée à lui, et je ne sais plus où commence son monde et où se termine le mien.

 

En conclusion, cette réflexion sociologique ouvre des perspectives sur la façon dont l'autisme de nos enfants peut influencer nos comportements en tant que parents remettant en question les frontières entre leur monde et le nôtre. Plutôt que de se focaliser uniquement sur la génétique, une exploration approfondie des dynamiques familiales et des processus d'adaptation au quotidien offrirait une compréhension plus complète des interactions entre l'autisme de l'enfant et la psychologie des parents et de l’entourage. Il serait pertinent de considérer ces observations dans le contexte élargi de la société, en encourageant des discussions sensibles et des études sociologiques. L'autisme, loin d'être simplement une condition individuelle, devient ainsi un prisme à travers lequel comprendre la complexité des relations familiales et sociales. Comprendre tous ces effets me semble être une étape cruciale vers une société plus inclusive et empathique à l’égard des personnes autistes mais aussi de leurs familles.

 

 

Candidats pour 2017, pensez aux 9 millions de citoyens touchés par le handicap. Ils votent !

 

Tribune publiée dans le Nouvel Obs

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Temps de lecture Temps de lecture : 3 minutes
 
 

LE PLUS. Faudra-t-il créer un parti du Handicap pour se sentir représenté ? C'est ce qu'en vient à se demander Olivia Cattan, présidente de l’association Paroles de femmes et de l'association SOS autisme en France. Une question qu'elle adresse autant aux dirigeants de gauche, qu'aux candidats aux primaires, en ce jour de deuxième débat de la primaire à droite, ce jeudi 3 novembre. À quelques jours de la primaire à droite, les parents d’enfants handicapés ainsi que de nombreuses personnes handicapées sont indignés et s’interrogent sur leur vote et sur leur place de citoyen dans leur propre pays.

 

Nous sommes des électeurs comme les autres

 

Pourquoi, lors des prestations télévisuelles des présidentiables, mes confrères et consœurs journalistes ne posent aucune question sur le handicap, comme s’il s’agissait d’un sujet mineur ?

 

Pourtant, plus de 9 millions de personnes sont concernées par le handicap en France. Un chiffre que l’on peut multiplier par trois puisqu’il concerne également des millions de familles, des parents, des frères et des sœurs, des conjoints…

 

Est-ce de la faute des médias et communicants politiques qui ne trouvent pas ce sujet vendeur, préférant toujours les mêmes sujets racoleurs qui fracturent notre société ?

 

Est-ce un sujet tabou qui inspire la peur et le rejet aux valides ? Ou est-ce plus profondément la vision que l’on a des personnes handicapées en France, une vision vieillotte compassionnelle et victimaire, qui conduit à considérer les personnes handicapées comme des sous-citoyens qui ne comptent pas ?

 

Pourtant beaucoup d’entre eux, ainsi que leurs familles, iront voter pour les primaires de droite, de gauche, et plus tard pour l’élection présidentielle. Le programme handicap des différents candidats ayant un impact capital sur leurs choix.

 

Rien de concret, à droite comme à gauche

 

À part, Bruno le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, qui ont répondu à l’appel de SOS autisme, et qui tentent à chacune de leurs interventions de placer le mot "handicap", rien de la part des autres candidats de la droite.

 

Mais à gauche, ce n’est pas mieux. Les ministres de François Hollande n’ont rien fait de concret à part quelques annonces médiatiques non suivies de mesures efficaces. Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg et les multiples frondeurs de salon restent bien indifférents à la situation dramatique de ces millions de personnes, oubliant que la gauche est censée s’occuper des plus faibles.

 

Seul Jean-Luc Mélenchon a osé parler de l’autisme et des familles précaires, bousculant la vieille gauche idéologique aux relents psychanalytiques.

 

Faudra-t-il se suicider comme ces mamans l'ont fait ?

 

Cette semaine a pourtant été dramatique, avec le suicide de ces mères de familles qui, à force de pression répétée des services sociaux, à bout de leur isolement social et d’aucune solution possible pour leurs enfants, ont commis l’irréparable en se suicidant.

 

Mais quelques dépêches et articles dans la presse, pour souligner ces actes qualifiés de "faits divers", ne seront pas suffisants pour calmer notre indignation et notre colère.

 

Faudra-t-il créer un parti du Handicap pour se sentir représenté ?

 

Faudra-t-il descendre dans la rue et tout casser, monter sur des grues ou se suicider comme ses mamans l’ont fait pour se faire entendre, ou encore quitter notre pays pour que nos enfants espèrent avoir un avenir, comme beaucoup de parents l’ont fait ?!

 

Le handicap, une cause nationale qui concerne tous les Français

 

Alors, messieurs et mesdames les élu-e-s, vous qui vous présentez aux primaires et à l’élection présidentielle, vous qui êtes censés occuper cette haute fonction et représenter la parole de tous les Français, voilà ce que nous attendons du prochain président : un programme politique du Handicap d’envergure, composé d’inclusion scolaire et sociale, de gratuité des soins et des prises en charge nécessaires, de formation des accompagnants et de personnel concerné…

 

Nous avons besoin de médecins spécialisés, de centres suivant les recommandations de la Haute autorité de santé, d’emplois pour nos adultes.

 

Nous attendons aussi que le handicap ne soit plus tabou et qu’il soit une grande cause nationale qui concerne tous les Français, parce que d’un jour à l’autre, chacun d’entre vous peut être concerné. Nos familles ne s’exileront pas en Belgique et ne seront pas des apatrides invisibles et sans droit.

 

Mais en attendant l’homme providentiel et le réveil des consciences, sachez que la voix de ces 9 millions de personnes concernées se fera entendre dans les urnes.

    Être autiste en France

Tribune d'Olivia Cattan dans le Huffington Post

Publication:
 

 

Non, Madame la Secrétaire d'État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, pour faire suite à votre déclaration, "La révolution de l'autisme" n'est pas en marche, loin de là. Et pour cause, même si la société civile et ses associations, a largement permis de sensibiliser l'opinion et les Médias, les hommes et les femmes politiques de ce pays répondent aux abonnés absents.

 

Malgré votre discours qui vous démarque positivement de ce gouvernement fantoche et qui va dans le bon sens, dans le sens des préconisations de la Haute autorité de santé, les réponses politiques faites ce 2 avril sont bien insuffisantes. Ce n'est pas de votre faute, nous le savons tous mais de la faute d'un Président de la République, non concerné par les personnes handicapées qui sont 8 millions en France, et encore moins par l'autisme qui touche 650.000 personnes.

 

Et de la faute d'une ministre de la Santé qui déclare à tort chez Jean-Jacques Bourdin que nos enfants autistes sont pris en charge à 100%, preuve une nouvelle fois de son ignorance et de son incompétence en la matière.

 

Reçus par de nombreuses personnalités de droite comme Nathalie Kosciusko-Morizet ou Bruno Lemaire, aucune réaction ni déclaration des Ecologistes qui pourraient pourtant établir un lien direct entre l'autisme et l'environnement. 

 

Aucune réaction non plus de Monsieur Mélenchon du Front de gauche qui pourtant, lui aussi, avait toute sa place dans ce débat puisque qu'aujourd'hui, l'inégalité sociale devant ce handicap est flagrante. Les plus riches ayant la possibilité de payer une prise en charge, de 3000 à 5000 €, les autres étant obligés de monter sur des grues pour un droit à la scolarisation ou de faire des grèves de la faim pour quelques miettes d'allocations supplémentaires.

 

Des décennies d'histoire commune entre la gauche et les psychanalystes sont bien difficiles à déboulonner face à la science qui a permis de comprendre ce qu'était l'autisme. L'autisme, un trouble du développement dû à une mauvaise connexion des synapses dans le cerveau ; Un dysfonctionnement neurologique et non une maladie psychique due à une maman froide, la fameuse "maman réfrigérateur" décrite par Bettelheim.

 

Et pour faire progresser nos enfants, une seule méthode, Madame Ceylac, vous qui vous posiez la question dans votre émission "Thé ou Café": La rééducation du cerveau, la stimulation faite par des méthodes comportementales. 5h de stimulation intensive par jour que l'on emploie également pour des personnes ayant fait un AVC. Et non, un enveloppement dans des draps froids que l'on nomme le "Packing" et qui n'apporte aucune évolution chez l'enfant. Une méthode considérée comme "maltraitante" condamnée par l'ONU et ayant provoqué la mort d'un jeune garçon au Canada.

 

Il est donc important de comprendre que certains Médias ne peuvent pas raconter tout et n'importe quoi lorsqu'il s'agit de Santé publique, juste parce qu'une mère de famille leur raconte que cela ferait du bien à son enfant. Ils ont eux aussi une responsabilité sur l'information qu'ils transmettent aux familles fragiles et prêtes parfois à croire n'importe quoi. Il est temps que l'information donnée soit en conformité avec les recherches scientifiques et les préconisations de la Haute autorité de Santé. Alors ne laissons pas l'idéologie gaucho-psychanalytique entraver la connaissance scientifique.

 

Voilà pourquoi dans notre Manifeste, nous réclamons la spécialisation de médecins et la formation de tous les personnels concernés, ainsi que la multiplication des unités de recherche scientifique. Tout cela étant au centre de l'avancement de cette cause en France. Parce que la France est un pays évolué sur certains points et tellement en retard sur d'autres à cause de croyances idéologiques. Il y a de nombreux chercheurs français de qualité qui manquent de fonds pour avancer, des chercheurs qui parfois sont obligés de quitter leur pays pour mener à bien leurs recherches.

 

Alors Madame la Secrétaire d'État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, vous qui êtes Médecin, si vous souhaitez que cette révolution se fasse en matière d'autisme, il faut réclamer au gouvernement auquel vous appartenez des fonds pour la recherche et une spécialisation des médecins ainsi qu'une formation pointue de tous les personnels concernés. Il faut que nos pédiatres de toutes les régions de France puissent détecter l'autisme rapidement. Plus le diagnostic sera précoce, plus ces enfants auront une chance de progresser. Il est important que nous puissions faire passer des radios à nos enfants dans les hôpitaux, aller voir un généraliste, faire soigner des caries sans que cela ne se termine en drame.

Cet accès au soin élémentaire pour tous les autres parents, devenant pour nous, parents d'enfants autistes, un parcours du combattant. Combien de témoignages de parents racontant cette galère quotidienne dans notre association...

 

Alors même si le quinquennat de François Hollande touche à sa fin, il est important que les hautes sphères politiques soient en adéquation avec les découvertes scientifiques, que la France ne soit pas montrée du doigt en permanence par les hautes instances internationales, condamnée par le Conseil de l'Europe plusieurs fois ou par l'ONU.

 

Il serait bon que l'accès à la prise en charge et à l'éducation soit accessible à toutes les familles, quelle que soit leur classe sociale, que la discrimination cesse enfin, sans que nous ayons besoin avec notre avocat, maître Dupond-Moretti, de faire des procès aux écoles qui refusent de respecter la loi de 2005 sur l'égalité des chances.

 

Parce que pour l'instant Madame, l'égalité et le respect des droits les plus élémentaires de nos enfants sont loin d'être acquis. Et il serait bon enfin de pouvoir dire "qu'il est bon de naître autiste en France".

 

 

 

 

La France n'offre aucun avenir aux personnes autistes

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Présidente de SOS autisme France
 

Structures vieillissantes, manques de spécialisation du personnel médical, maltraitance des enfants et prises en charge non remboursées... Olivia Cattan dénonce les obstacles auxquels elle est confrontée, en tant que mère d'un enfant autiste. Et appelle les politiques à changer la donne, pour que son enfant ait un avenir dans le pays.

 

Pour tous les médias, qui se reconnaîtront, qui se disent blasés de l’autisme, des associations et de leurs campagnes, et des parents qualifiés par certains d’"hystériques et de pénibles", sachez que nous nous battons simplement pour nos enfants, pour faire valoir leurs droits, pour les aider à progresser, à devenir autonomes et leur permettre d’être heureux.

 

Le travail des médias est d’informer et d’alerter l’opinion. Ils sont la force vive d’un pays. Ce sont des témoins, des passeurs lorsque l’injustice frappe les plus faibles. Voilà pourquoi il est important de nous aider à parler de l’autisme en essayant de sensibiliser le plus grand nombre.

 

Malgré la Loi sur l’égalité des chances de 2005, des plans autisme successifs, des condamnations de l’ONU et du Conseil de l’Europe, la situation en France reste catastrophique. Des familles précarisées, des personnes autistes sans prise en charge et sans accès à l’éducation et à l’école, des discriminations, des maltraitances… La liste est longue, sans oublier l’exil forcé en Belgique.

 

Les pouvoirs publics se bouchent les oreilles

 

La société française ne semble plus être en mesure de faire face à l’autisme : vielles méthodes, structures d’accueil vieillissantes, maison départementales qui accusent un retard de six mois dans le traitement des dossiers, non-spécialisation du corps médical, auxiliaires de vie scolaire (AVS) non-formés…

 

Quel est le pays démocratique, digne de ce nom, où les pouvoirs publics se bouchent les oreilles pour ne pas entendre tous ces parents qui appellent au secours ? Ceux qui se suicident, ceux qui font des grèves de la faim, ceux qui retirent leurs enfants du système, au mépris de leur liberté, ceux qui montent sur des grues pour que leur enfant ait simplement le droit d’aller à l’école...

 

Un pays où la ministre de la Santé ne suit pas les préconisations de la Haute autorité de santé(HAS), qui préconise les méthodes comportementales pour aider les enfants autistes à sortir de leur silence, les faire progresser et diminuer leurs troubles du comportement.

 

La maltraitance de mise

 

A-t-elle fermé les structures où la psychanalyse, le gavage de médicaments et le "packing", méthode considérée par l’ONU comme maltraitante et condamnée par cette instance internationale, sont encore de mise ? Non.

 

Preuve en est de cette confusion : des journalistes non informés en font encore la promotion dans certaines émissions.

 

Pourquoi refuser le remboursement intégral des soins nécessaires à nos enfants alors que l’on jette des sommes considérables en subventionnant sans aucun contrôle des hôpitaux de jour et autres instituts ? Combien de subventions pour ce centre psychiatrique dans l’Ain, qui vient d’être enfin épinglé pour maltraitance envers ces patients, attachés près de 23 heures sans pouvoir bouger.

 

Où êtes-vous? 

 

Où sont les grands philosophes, intellectuels et personnalités médiatiques, les Michel Onfray, Raphaël Glucksman, Laurent Joffrin et Edwy Plenel, pour lesquels je nourrissais auparavant un peu d’admiration ? Ces grands chantres de gauche, dont je partage les idées sur les questions des réfugiés, des sans-papiers et des banlieues défavorisées, adoptent une posture indifférente, presque méprisante, lorsque l’on tente de leur parler de ces 650.000 personnes qui vivent à côté de chez eux, dans une détresse insupportable. 

 

Combien de témoignages de parents devrais-je supporter de lire ? Comme, par exemple, cette femme d’agriculteur, maman d’un autiste de 16 ans devenu un enfant sauvage parce que privé de scolarisation et de soins à cause du rejet de l’administration et de la non-spécialisation des médecins et psychologues en autisme de sa région, dans le Gers. 

 

Où êtes-vous aussi Messieurs et Mesdames les élus, si prompts à tweetter et à faire le tour des plateaux télé pour nous parler de ce que vous ferez lorsque vous serez au pouvoir, mais incapables de faire avancer cette cause qui végète depuis des décennies, malgré des plans autistes, estampillés "grande cause" ?

 

"Mesurettes"

 

Comme d’habitude, en lisant cette tribune, vous minimiserez la situation en disant qu’elle n’est pas "catastrophique" mais seulement "alarmante".

Les ministres tenteront de me jeter à la figure toutes ces mesurettes annoncées le 2 avril, qui cherchent à prouver tous les efforts politiques. Les autres diront que je suis excessive, comme tous les parents d’enfants autistes, parce que je suis en souffrance.


Je leur répondrai que je ne suis pas une mère en détresse mais que je reste une journaliste devenue auxiliaire de vie scolaire pendant deux ans pour mon fils, afin de combler le manque en personnel formé par l’éducation nationale.

 

Que je suis une mère qui se bat pour le droit de son enfant et de ceux des autres, une citoyenne française qui croit en la justice, l’égalité, la fraternité, solidarité, les valeurs de mon pays, celui des droits humains. Je crois aussi à la force des mots.

 

Indifférence générale

 

Que j'aime mes semblables au point de ne plus supporter de voir toutes ces familles se précariser et souffrir au quotidien dans l’indifférence générale.

 

Que je ne supporte plus de voir que l’on prive toutes ces personnes autistes de soins parce que cela dépend du niveau social de leurs parents qui ne peuvent pas, la mort dans l’âme, leur offrir ces méthodes comportementales. Une prise en charge qui coûte 3.000 euros aux parents, alors que certains gagnent tout juste 1.300 euros par mois.

 

Que je ne supporte plus cette maltraitance dont les personnes handicapées sont victimes dans certains instituts.

 

10 mesures concrètes

 

Oui, mon ton est grandiloquent, parce que je contiens dans ma gorge tous les sanglots de ces familles qui appellent au secours.

 

Si notre société, nos humanistes, nos élus ne sont plus capables de voir ce qu'il se passe sous leurs yeux, en France, et de changer le destin de ces milliers d’autistes, qu’ils détournent comme d’habitude leurs regards vers les causes bien pensantes, qu’ils ressortent à la veille de chaque élection.

 

Mais sachez que les familles ne se laisseront plus faire, parce que les droits et la dignité de nos enfants autistes ne peuvent plus être différés.


Voilà pourquoi nous remettrons aux médias, aux élus et au président de la République, un manifeste composé de dix mesures concrètes, applicables et nécessaires afin de permettre à tous ces enfants autistes d’avoir enfin un avenir dans leur pays.

 

Tribune  d'Olivia Cattan publiée dans le plus du Nouvel Obs.fr

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Invitée sur le plateau de Laurent Ruquier pour parler de son livre "Le voleur de brosses à dents", Églantine Émeyé est revenue sur son combat de mère d'un enfant polyhandicapé. Elle a fait bondir beaucoup de parents, dont Olivia Cattan, présidente de l'association SOS Autisme

 

Il y a parfois des gens qui vous donnent envie de vous battre comme Francis Perrin et Sandrine Bonnaire et d’autres qui vous incitent à tout abandonner. Et là je m’adresse à vous Eglantine Emeyé.

 

J’ai créé l’association SOS Autisme dans le but de me battre pour les personnes autistes. Notre campagne : "Un artiste, un autiste" a pourtant été diffusée sur toutes les chaînes de télévision, les radios, les cinémas, essayant de faire évoluer les mentalités et les préjugés sur l’autisme mais plus largement sur le handicap.

 

Nous avons voulu montrer que la place de nos enfants autistes était à l’école, dans les clubs de sport et les conservatoires de musique et non dans les hôpitaux sous camisole chimique.

 

Là où il y a de l’éducatif, de la culture mais surtout où il y a de la vie. De la vie avec les autres et où l’on apprend à accepter toutes les différences.

Mais votre campagne pro psychanalytique réduit à néant tout ce que les associations de parents tentent de faire.

 

Ce que vous avez dit samedi dans l’émission "On n'est pas couché" m’a fait bondir. Et je ne suis pas la seule.

 

Un malaise propre à la France

 

Savez-vous, madame Émeyé, qu’aux États-Unis, au Canada, en Israël, en Angleterre, en Italie, au Danemark, on soigne les enfants atteints d’autisme par des méthodes éducatives ? Et peu importe leur nom, ABA TEACH, Feurstein, Sonrise. Savez-vous que cette méthode barbare, le "packing", dont vous vantez les mérites y est interdite ? Parce qu’elle est jugée dangereuse et inefficace !

 

Parfois je me demande si notre pays fait partie de l’Europe, pour être si coupé des avancées du reste du monde. Là-bas, dans l’autre monde qui avance, il y a des autistes informaticiens, il y a des consultants autistes qui travaillent pour le ministère de la Défense, il y a des musiciens, des comptables, des professeurs ?

 

Alors quel est notre problème français ?

 

Est-ce à cause des associations qui n’arrivent pas à se réunir pour lutter ensemble contre le lobby psychanalytique ? Est-ce parce que la Haute autorité de Santé qui préconise l’ABA ainsi que notre ministre du Handicap qui défend l’intégration des personnes autistes, n’arrivent pas à se faire entendre des médias ?

 

Est-ce parce que l’idéologie psychanalytique est trop ancrée dans l’histoire de notre pays et dans toutes les sphères de la société que tous nos efforts sont voués à l’échec ?

 

Il y a pourtant de formidables médecins et chercheurs en France qui savent bien que dans les autres pays, on ne pense plus, comme le prônait Bettelheim, il y a des décennies, que la mère est responsable de l’autisme de son enfant ?

 

Alors que se passe-t-il dans notre pays ? À croire que nous sommes sur une île coupée du reste du monde ?

 

Non, je n'ai pas envie de frapper mon enfant

 

Outre cette pensée d’un autre temps que vous incarnez Madame Emeyé, puisque votre maître à penser s’appelle Marcel Rufo, il y a autre chose qui me gêne chez vous.

 

Vous défendez l’abandon et en tant que mère, cela m’est insupportable.

 

Madame Léa Salamé a trouvé admirable que vous osiez écrire "avoir eu envie de frapper votre enfant" ou "de le jeter par la fenêtre". Peut-être n’est-elle pas encore maman ou peut-être fait-elle partie de ce milieu parisien littéraire où l’on admire ceux qui transgresse les valeurs et les bons sentiments ? Mais personnellement, comme beaucoup de parents sur les réseaux sociaux, je trouve cela terrifiant.

 

Il est normal pour chaque parent d’être à bout, surtout lorsque l’on a un enfant autiste qui enchaîne troubles du comportement et scènes de violences. Mais personnellement, ce ne sont pas ces idées-là qui me viennent lorsque mon fils est "difficile".

 

Je cherche d’autres méthodes, d’autres idées pour aider mon enfant à se sentir mieux. Je cherche d’autres thérapeutes si ceux-là ne le font plus assez avancer. J’ai parcouru le monde et continuerai à le faire s’il le fallait, je soulèverais des montagnes pour sauver mon fils de ce syndrome qui le ronge.

 

Aidons nos enfants à avoir une vie normale

 

Et ayant deux autres enfants qui ont parfois eu du mal à faire face au handicap de leur frère, je les ai toujours aidés à dépasser leur peine et aimer leur frère encore davantage.

 

Et je ne les aurais jamais séparés les uns des autres.

 

Parce qu’il est important pour un enfant autiste de sentir que sa famille l’entoure et croit en lui.

 

Et même si on ne peut pas sortir de l’autisme, nous pouvons aider nos enfants à avoir une vie normale, faite d’amour et de joie. On peut les aider à avoir un métier, des passions, une famille.

 

Je ne vous dis pas que ce chemin est facile et qu’il n’est pas jonché de larmes, mais l’espoir et l’amour doivent être nos seuls moteurs.

 

Votre capitulation ne peut pas être un modèle

 

Et je refuse que votre capitulation devant le handicap de votre fils devienne notre modèle parce que cela serait condamner l’avenir de millier d’enfants handicapés.

 

Toutes ces familles que je vois au quotidien sont isolées, précaires et souvent à bout de nerf parce qu’il faut faire face chaque jour et que ces hommes et ces femmes n’ont aucun répit.

 

Pourtant ils se battent avec tant de renonciation pour leur propre vie que c’est eux qui m’inspirent à ne jamais laisser tomber le combat que nous menons pour nos enfants.

 

Nous nous sommes rencontrés quelquefois, Églantine, dîner une fois ensemble et sachez  que pour écrire cette tribune j’ai dû lutter contre mes bons sentiments de femme, de mère et de féministe qui m’auraient conduite à vous plaindre et à vous défendre.

 

Mais lorsque l’on met en danger l’avenir de 600.000 personnes autistes comme vous le faites, il est de mon devoir d’écrire cette tribune.

 

Battons-nous pour l'avenir de nos enfants

 

Les médias innocents vous invitent parce que votre livre est émouvant, que vous êtes journaliste et qu’une maman isolée qui se bat seule mérite le respect.

 

Mais tous ces journalistes que je ne peux blâmer et qui n’ont pas d’enfants autistes ne connaissent pas les enjeux qui se jouent en arrière-plan lorsque vous favorisez l’hôpital à l’école, que vous défendez le "packing" face aux méthodes éducatives qui permettent à l’enfant d’apprendre, de contrôler ses troubles et frustrations, d’exprimer ses émotions et de le sortir de son isolement.

 

Ils ne savent pas que chaque jour nous devons nous battre contre toutes les institutions et contre tous ceux qui pensent que la place de notre enfant n’est pas dans la société mais en dehors. Des gens qui ont poussé certains parents à s’exiler.

 

Parce que l’Onu a condamné la France plusieurs fois pour maltraitance vis-à-vis des personnes autistes à cause de notre retard en matière d’intégration.

 

Alors je sais que cette tribune déplaira à de nombreux amis communs mais l’important n’est pas de plaire ou de déplaire mais de défendre l’avenir de nos enfants.